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26 mars 2015

Médias de demain : retour sur la journée du Fonds Google

Avant propos

Le Fonds pour l’innovation numérique dans la presse (FINP), soutenu par Google, et l’organisation mondiale de journaux Wan Ifra, ont organisé mardi 24 mars une journée à Paris, au Numa, pour réunir les éditeurs de service de presse en ligne et leur proposer de partager leurs expériences. Paywall, freemium, datamarketing, datajournalisme, plateforme vidéos, applis mobiles, développement hyperlocal ou conquête de nouveaux marchés… les approches étaient diverses et variées et cette journée constituait une bonne occasion de prendre le pouls et de confronter les stratégies adoptées par les journaux français.

Force est de constater que si l’avenir reste incertain face à la baisse des ventes au numéro et des revenus publicitaires, alors que les audiences sur le numérique n’ont jamais été aussi forte, les éditeurs sont loin de l’immobilisme dont on les taxe parfois un peu vite. Tout le monde expérimente, teste, innove… L’agilité ou l’expérience utilisateur étaient souvent les maîtres mots des intervenants qui ont pris la parole. Parmi eux, deux adhérents de Ouest Médialab : le groupe Sipa Ouest-France, dans la catégorie poids lourd, qui est revenu sur le lancement de L’édition du soir, et dans la catégorie poids plume la société PlayCorp, créée par les fondateurs de Mstream, avec une nouvelle version de France Live, un média vidéo sur ceux qui innovent et font bouger les villes. 12 face-à-face étaient organisés au cours de la matinée, nous en avons sélectionné 9 que vous trouverez résumés ci-dessous.

Un seul bémol (mais c’est la règle du Fonds Googl-AIPG qui veut cela), seuls des projets portés par des sites de presse ayant obtenu le statut “Information politique et générale” (IPG) – délivré par la Commission paritaire des publications et agences de presse (CCPAP) – étaient présentés ce jour-là et les éditeurs sont venus chacun avec leur projet. L’heure n’est donc pas encore aux alliances stratégiques et aux projets collaboratifs innovants, plus ambitieux, associant plusieurs médias (presse, radio, télé, pure player) avec des startups ou des labos de recherche. Prochaine étape ? A Ouest Médialab, on y croit.

Cette veille a été réalisée par Estelle Prusker-Deneuville (SciencesCom), Philippe Roux (Ouest Médialab) et Julien Kostrèche (Ouest Médialab), avec l’aide de Nicolas Plessis (Infocom Rennes 2).

Vous voulez plus de veille ? Découvrez “Chantiers numériques”, la veille collaborative de Ouest Médialab, réservée aux adhérents du cluster.

Au sommaire

Paywall ou freemium ? La Dépêche du Midi / Sud-Ouest.
Mooc et data agency : nouveaux modèles ? Rue89 / Rue89 Lyon.
Hyperlocal ou approche globale ? La Voix du Nord / Ouest-France.
Des datas et des idées. Facta / Le Parisien.
Quelles nouvelles écritures pour les supports mobiles ? Le Monde / 20 Minutes
Quel modèle payant pour les news magazines ? Challenge / Les Inrocks
Big Data, passer du discours aux actes. L’Express / La Croix
BtoB : à la recherche d’une nouvelle niche. Contexte / Les Echos.
Quelles stratégies pour la vidéo ? Le Figaro / France Live.
L’interview de Ludovic Blecher (directeur du Fonds) par Nicolas Becquet

Paywall ou freemium ?

Les approches diffèrent-elles en local sur les offres numériques ? Les exemples des groupes de presse régionale la Dépêche du Midi et Sud-Ouest.

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Bruno-Pachent-speakerBruno Pachent, directeur du développement et marketing du groupe La Dépêche du Midi :

« Notre conviction, c’est qu’il faut un modèle équilibré entre pub et ventes. On sait que la vente au numéro va disparaître (145 000 ex. en 1998, 80 000 seulement en 2013), mais on a des relais de croissance comme l’abonnement (90 000) et les canaux numériques, à condition d’apporter de la plus value en terme de contenu et de service. Nos sites et applis mobiles, c’est 7M de V.U. par mois aujourd’hui. Le paywall, qui permet de consommer une vingtaine d’articles locaux avant qu’on vous demande de passer à la caisse, touche 3 500 personnes. L’offre premium digitale, lancée en septembre 2013 et qui donne accès à tous les contenus (e-journal + bonus vidéos et diaporama), a séduit 2 500 personnes . »

« Notre objectif c’est d’avoir 40 000 abonnés numériques en 2020. On s’appuie sur le marketing direct pour atteindre trois cibles en priorité : les lecteurs print fragiles attirés par la concurrence, les abandonnistes récents (abonnés) et lecteurs web exigeants. Chez nous, le produit d’appel reste le journal quotidien, puis le fil d’actu en temps réel. La vidéo est plutôt un gadget. Nos abonnés numériques ont un profil semblable à ceux du print, juste un peu plus urbain. Pour conquérir de nouveaux publics, il faudra inventer une nouvelle offre éditoriale. »

Guillaume-Vasse-speakerGuillaume Vasse, directeur du développement numérique du groupe Sud Ouest :

« Notre priorité c’est de mettre le client au centre de nos réflexions, et ce client peut être print ou numérique, et d’utiliser une multitudes de devices. Notre offre multi-devices (web + IOs + androïd) démarre à 1 euro le premier mois puis passe à 9,9 par mois. Elle donne accès à tous les contenus web & print + des contenus exclusif à valeur ajoutée. En un an, on a conquis 10 000 abonnés numériques purs et converti 30 000 abonnés print (sur un total de 300 000). L’audience du site atteignait 30 M de visites en novembre dernier. »

« Le journal en version numérique reste le produit d’appel, bien connu de nos clients. Mais plus le traitement éditorial est fouillé et exclusif (publié sur le web avant le print par exemple), plus ça attire. Les retours sur les principaux événements de la journée avec des infographies marchent bien aussi. Il y a peu d’abonnés au print qui passent directement au numérique. Pour conquérir des abonnés numériques, on active surtout des leviers externes (adwords, retargeting display, mailing) et on dépense de 8 à 40 euros par personne. A partir du moment où quelqu’un est inscrit sur le site (ne serait-ce que pour recevoir la newsletter ou commenter les articles, le taux de conversion est plus élevé. »

« Nous avons engagé une transformation radicale sur 3 axes :
–  marketing : logique customer-centrics, fusion des bases de données print et web des 6 éditeurs, mise à plat des process, lancement d’un call-center, culture de la mesure et du ROI…
– technique : refonte du socle SSO (single sign on, point d’identification unique pour les clients), API (protocole ouvert et interopérable pour distribuer les contenus et services dans une multitudes d’environnement, chez nous ou à l’extérieur)
– éditoriale : développement d’une édition du soir pour coller aux nouveaux usages, lancement de chaînes thématiques (économique, santé…) »

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Mooc et data agency : nouveaux modèles ?

Quand les pure-players se diversifient et cherchent de nouveaux modèles. Les voies explorées par Rue89 et Rue89 Lyon.

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Pierre-Haski-speakerPierre Haski, co-fondateur de Rue89 :

« Dès 2007 on s’est retrouvé confronté à la baisse des revenus publicitaires et comme on était beaucoup sollicité par les écoles de journalisme, on s’est lancé dans la formation pro qui a atteint jusqu’à un tiers de notre chiffre d’affaire. Notre force : le partage d’expérience par les intervenants en postes dans les rédactions et confrontés à la transition numérique. Les grands organismes de formation nous ont rattrapé sur ce terrain, donc on est allé sur des formats innovants. C’est ainsi que sont nés trois mooc (réseaux sociaux, datajournalisme, vidéo), lancés avec le GEN et l’aide du Fonds Google. »

« Au total, 25 000 participants ont suivi ces moocs et nous avons délivré 1 500 certificats (pas encore reconnus mais on y travaille avec l’Afdas). On visait des étudiants ou des journalistes,  mais 50% des gens inscrits étaient des communicants qui travaillaient pour des marques ou des collectivités. L’offre est simple : 4 semaines de formation gratuite avec 15 minutes de vidéo par jour, une session live par semaine et un quiz par semaine pour valider les acquis. La 5ème semaine est une étude de cas payante (50 euros) qui donne lieu a un certificat et a intéressé un peu plus de 5% des inscrits. »

« L’offre pro en direction des entreprises de presse, s’est heurté au double écueil de la nouveauté (formation 100% à distance) et de la confusion liée à la réforme de la formation pro. Notre nouvel objectif : passer du mooc (formidable outil de visibilité et retour d’expérience) au spoc (small private online courses), avec des briques customisables plus souples, en réintégrant une partie de formation en présentiel. Nous sommes en discussion avec 2 groupes de presse. Au sein du groupe Le Monde, auquel nous appartenons dorénavant, cet outil intéresse potentiellement 7 titres et 800 journalistes. On sollicitera sans doute à nouveau l’aide du Fonds Google, car on a encore besoin de la béquille de la subvention dans cette phase  d’expérimentation. »

Laurent-Burlet-speakerLaurent Burlet, journaliste à Rue89 Lyon :

« Rue 89 Lyon est la première antenne locale de Rue89. Depuis 2011, on cherche à se diversifier pour financer notre média (2 journalistes, 1 commerciale à temps plein et des pigistes). Le mois dernier, on a lancé notre Six Neuf Data et recruté un mouton à 5 pattes (Bertrand Enjalbal) pour développer une offre éditoriale sur le traitement et la visualisation de données et vendre des formations sur le datajournalisme. Cette offre s’adresse à nos annonceurs qui veulent communiquer par la data, notamment les acteurs monde culturel et institutionnel (comme l’Opéra de Lyon).  Nous misons aussi sur une approche servicielle. Par exemple, la 1ère appli qui sera lancée permettra aux utilisateurs d’avoir une réponse à cette question : quelle ville de la région urbaine de Lyon est faites pour vous ? D’autres applis suivront, notamment sur les pratiques sportives. »

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Hyperlocal ou approche globale ?

Avec L’édition du Soir, Ouest-France s’ouvre davantage sur le national et l’international, tandis que La Voix du Nord mise sur le développement numérique de ses éditions locales.

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Bruno-Jauffret-speakerBruno Jauffret, directeur du développement numérique du groupe La Voix du Nord :

« On a démarré la transformation digitale de notre entreprise en 2013 par les desks locaux, avec 4 grands principes pour développer notre offre hyperlocale : être innovant au plus près des attentes du public, être industrialisable, monétisable et rentable. La Voix du Nord c’est 25 portails locaux et 1524 portails hyperlocaux (chaque commune a le sien). On a donc créé 25 postes de journalistes bi-média (print & web first), un vrai changement dans les habitudes des journalistes et des heures de réunions pour trouver une organisation qui suscite l’adhésion de la rédaction. »

« Les résultats : notre audience locale a fortement progressé, et atteint 240 000 visites jour, soit 67% de l’audience du site. On compte 6 000 abonnés numériques payants à la fin 2014, soit 1,2 M€ de revenus, un chiffre qui devrait doubler en 2015.  L’accès du public aux rédactions a aussi été facilité : 25 pages locales Facebook (200 000 fans locaux) & comptes Twitter ont été créés et sont devenus les lieux d’échange privilégiés avec nos lecteurs. Les réseaux sociaux apportent 30% de notre audience. On a misé aussi sur une écriture multimédia innovante et accessible : de plus en plus de webdocumentaires, albums-photos et des instantanés vidéo pour les abonnés. »

«  Les difficultés :
–  les habitudes tenaces des lecteurs fidèles, qui ne rentrent pas forcément par l’hyperlocal ; l’impossibilité d’animer 1524 portails hyperlocaux, donc le nécessaire recentrage sur les communes les plus importantes, on n’a pas suffisamment intégré nos correspondants dans la réflexion, tout passe par le responsable de l’édition locale
–  le peu d’audience sur les formes d’écritures au regard de l’énergie dépensée, mais si les webdocs ne font que 3 000 ou 5 000 vues, on a aussi constaté qu’ils touchaient les plus fidèles de nos lecteurs, qui sont dans le cœur de cible
–  côté pub, l’hyperlocal rapporte 1 million d’euros sur 4 au total, ce qui est moins fort qu’attendu, d’autant qu’il faut privilégier le mobile dont la monétisation est encore plus faible que sur le web. Pour pallier cette difficulté, on doit développer la géolocalisation et la data pour sélectionner les bonnes informations qui ont de la valeur pour les équipes commerciales. »

« On a mis en place un paywall : les lecteurs on droit à 5 articles offerts par mois (quelque soit le type d’article) et nous allons sans doute passer à 3. Notre objectif est que les gens atteignent ce niveau là pour leur proposer l’offre payante. Cette limitation n’a pas eu d’incidence réelle sur l’audience. On n’est plus dans la course à la publication (déjà 1500 articles publiés par jour !), on ne cherche pas faire du plus mais du mieux, et à réutiliser au maximum nos contenus. »

Fabrice BazardBAZARD2, directeur des activités numériques du groupe Sipa Ouest-France :

« On a lancé nos abonnements numériques en juin 2013 et six mois plus tard on constatait un taux de chute de 40%. Côté pub, on ressentait le besoin de générer de nouveaux formats. On a donc pris un chemin différent et attaqué par la face Nord avec le projet 100% tablette de L’édition du soir. On s’est lancé dans le bain plutôt que de faire de longues  études marketing, en mettant des metrics partout pour connaître tous les comportements des lecteurs. L’objectif visé : 1 million de lecteurs par mois et atteindre un socle de lecteurs réguliers (qui viennent 3 jours sur 5) à 100 000. »

« Bilan après 18 mois : le cap du million a été franchi en janvier, par contre les lecteurs réguliers sont environ 60 000. On s’est aperçu qu’il faut un ton différent (décalé, humoristique notamment), une exigence de qualité (le dossier est toujours sur le podium des articles les plus lus, la vidéo fait encore un peu peur, mais gros appétit pour la photo), et répondre à un besoin de détente qui passe par le jeu (quiz, newsgame, mots fléchés, etc.). Le soir : les lecteurs sont aussi ouverts à une info globale et les sujets à étrangers. Deux tiers des lecteurs vivent dans le grand ouest, un tiers en dehors. C’est un lectorat rajeuni : 5 ans  de moins par rapport au lecteurs du journal numérique et 10 de moins par rapport au journal papier.

« On a vraiment travaillé la complémentarité des supports, entre le journal du soir (dont les lecteurs attendent une info plus globale et sont ouverts au sujets à l’étranger), celui du matin et le site avec l’info en temps réel sur le site. Il a fallu créer une équipe dédiée pour L’édition du soir (une dizaine de personnes qui produisent une vingtaine d’articles par jour) et acquérir de  nouvelles compétences (un spécialiste de la vidéo, un développeur webdesigner). Pour créer une dynamique interne qui puisse infuser les rédactions locales, on a aussi mis les belles histoires de l’Ouest en avant de l’édition du soir. »

« Depuis avril 2014, on est sorti de la phase proto. L’édition du soir n’est plus que sur tablette, mais aussi smartphone et le web, où il y en encore beaucoup de lecteurs. On a vraiment développé l’éditorial au cours de l’été. C’est un produit nouveau, donc il faut pouvoir le déguster, donc pas de frein à l’entrée (pas de création de compte). Cet accès freemium nous a permis de décoller. On espère passer en formule payante d’ici l’été 2015. »

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Des datas et des idées

D’un côté FACTA, nouveau pure player d’info qui mise sur le datajournalisme et le fact checking, de l’autre le quotidien Le Parisien qui met la data au coeur de ses nouveaux formats.

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Jean-Charles-Simon-speaker copieFacts & data :

Le nouveau site d’information FACTA se positionne, selon son créateur Jean-Charles Simon, comme « un média orienté fact checking et data journalisme ». Au sommaire : 1/3 des articles fact checking (signalétique vrai/faux accompagnant des articles), des articles explicatifs de sujets d’actualité, du datajournalisme (chiffres du jours, cartes,…). En parallèle de l’offre éditoriale, FACTA propose un « data center » dont l’objectif est de « permettre aux internautes un accès plus simple à la donnée ». Le site va ainsi récupérer en amont les données disponibles sur les sites fournisseurs de données (instituts, administrations,…) pour en proposer un accès centralisé  et simplifié.

Le modèle économique choisi pour le moment par ce pure-player est l’abonnement avec 2 offres : une1offre grand public  (5 euros / mois : accès à tous les contenus + data center + newsletter quotidienne) et une offre pro (25 euros /mois : accès grand public avec en plus téléchargements de jeux de données, publications hors logos).

Eric-leclerc-speakerCellule datajournalisme au Parisien :

Depuis le 1er juin 2014, Le Parisien a constitué une cellule intégrée à la rédaction permettant de produire de nouveaux formats autour des datas.  Une équipe actuellement constituée de 3 personnes pour le moment : un chef de projet – qui n’est pas journaliste (coordination éditoriale, technique et opérationnelle) – un designer et un développeur. Située au sein même de la rédaction, « l’évangélisation des équipes à ces nouvelles techniques a été rapide » selon Eric Leclerc, Directeur des Activités Numériques du Parisien / Aujourd’hui en France

Côté business, les constats sont également encourageants avec une audience plus forte et plus engagée : les articles avec production de datajournalisme ont ainsi généré 7 fois plus de pages vues et un temps de lecture supérieur de 15% à un article classique.

A suivre dans les développements futurs annoncés par Le Parisien : le recrutement d’un data scientist pour des formats plus élaborés, la mise en place d’un data center permettant aux lecteurs d’accéder aux données brutes et la possibilité pour les internautes de fournir des données aux journalistes.

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Quelles nouvelles écritures pour les supports mobiles ?

Comment s’adapter et répondre aux usages sur mobiles ? Le Monde répond « Mobile first »,  20 Minutes cible iPad avec une nouvelle appli ouverte, connectée, interactive et personnalisable.

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Isabelle-andré-speakerMobile first au Monde :

« Nous avons souhaité créer une équipe pour repenser complètement notre éco-système en mobilité et mettre le mobile au cœur pour proposer la meilleure application francophone d’information », explique Isabelle André, directrice des activités numériques du groupe Le Monde. Le projet a démarré en janvier 2014 pour un lancement d’une première version en juin 2014. Depuis des réajustements ont lieu régulièrement, notamment en fonction des tests utilisateurs et réactions des lecteurs. Une offre pensée pour la mobilité et répondant aux usages les plus extrêmes :
– le direct pour s’informer, tout en proposant de la profondeur
– personnalisation de l’affichage des rubriques et des alertes
– objectif de mieux mixer les contenus gratuits et payants
– innovation en matière de formats publicitaires (exemple : le “topstitiel “ format mieux adapté au mobile )

Des premiers résultats encourageants :
– augmentation du trafic de + 5 à 25%
– un meilleur engagement : +15% de temps passé par visite
– revenus publicitaires : +50%
– revenus iTunes : +50%

Au global, jusqu’à 25 personnes ont travaillé sur ce projet (journalistes, designers, développeurs, ergonomes,…). 4 journalistes sont dédiés en permanence à l’appli mobile avec système de permutation au sein du desk. Prochain développement annoncé pour mai 2015 : le lancement d’une nouvelle appli : la matinale du Monde.

Michael-Fromentoux-speaker copieAppli iPad personnalisable à 20 Minutes :

Michaël Fromentoux, directeur adjoint Développement Numérique chez 20 Minutes, explique que la nouvelle appli pour ipad a été lancée par 20 Minutes fin 2014 avec plusieurs objectifs :
– une application ouverte : possibilité d’intégration multi-sources (autres médias, RSS par Ex.)
– une application connectée : intégration de comptes Facebook, twitter
– une application personnalisable par centres d’intérêts, par géolocalisation.

Il est par exemple possible d’activer la géolocalisation pour proposer contenu de la ville où se trouve le lecteur mais aussi d’intégrer les informations d’autres villes en fonctions des centres d’intérêts.

Au lancement de l’application, une interface de personnalisation intuitive est proposée à l’internaute, lui permettant de la configurer (des tests utilisateurs ont été réalisés en amont). L’application propose 2 affichages possibles aux lecteurs :
la newsdesk : affichage “tableau de bord” exhaustif des informations
la newslounge : affichage en mode journal avec sélection d’articles en fonction centres d’intérêts et lectures de l’utilisateur
Plusieurs fonctionnalités renforcent l’interactivité avec le lecteur : scroll infini sur les articles, ouverture d’autres sites médias via une webview,…

Des résultats d’audience et d’usage encourageants :
– 2 millions de visites en février 2015 (+18% par rapport à février 2014)
– succès de la vue “tableau de bord” utilisée par plus de 85% des lecteurs.
– 46% des lecteurs ont personnalisé au moins 1 élément
– 41% des utilisateurs ont personnalisé au moins une ville
– 34% des utilisateurs ont activé au moins un réseau social
– 27% des utilisateurs ont agrégé au moins un contenu externe

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Big Data, passer du discours aux actes ?

L’Express et La Croix : deux projets et deux stratégies différentes pour répondre aux problématiques des annonceurs et des lecteurs.

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Sophie-Gohier-speakerData Management Platform (DMP) à des fins commerciales à L’Express :

« Le groupe conduit depuis mars 2014 un vaste projet data pour avoir une meilleure connaissance de nos clients et mieux les servir, explique Sophie Gohier, directrice des Nouveaux Médias au sein du groupe Express Roularta. Néanmoins, la construction de cette Data Management Platform (DMP) centrée sur la qualification répond à des fins avant tout commerciales, en faisant émerger de nouvelles opportunités publicitaires. » L’objectif est également pour le groupe de se reconstruire, à travers une bonne connaissance de ses internautes, un actif stratégique fort équivalent à celui des abonnés papier.

Passé le démarrage du projet et les barrières techniques fortes à l’entrée (importance de rester agile et d’identifier les bons partenaires techniques au départ), Sophie Gohier dresse le constat de la montée en compétence des équipes techniques et marketing. 3 personnes sont dédiées au projet en interne : un data analyst, un commercial et un développeur.

Par ailleurs, les enjeux pour mener à bien ce type de développement sont multiples :
nécessaire « désilotage » des données possédées au sein du groupe pour les mettre en commun
« connectivité de la data » ou comment réconcilier les données anonymes (big data) avec les données CRM possédées
cohabitation des informations marketing et éditoriales (souhait d’intégrer la rédaction de l’Express à terme).

41% du projet est actuellement réalisé. Les équipes commerciales possèdent déjà un outil en activité (« le requêteur »). Parmi les premiers tests réalisés, on constate un meilleur ciblage des internautes sur les programmes relationnels : deux fois mois de routages de mails par exemple malgré une augmentation d’audience de 23%. « Avec cet outil, nous embêtons moins nos lecteurs pour de meilleurs résultats », souligne Sophie Gohier.

Marie-Madeleine-Lamy-speakerUn outil de fidélisation des lecteurs pour La Croix :

Le quotidien entend créer grâce aux data des offres de contenus et d’abonnements personnalisées. L’objectif est d’approfondir les connaissances sur le comportement des lecteurs pour mieux les fidéliser et augmenter en définitive les revenus par utilisateur. Marie-Madeleine Lamy, directrice des développements numériques du quotidien La Croix a présenté les premiers enseignements d’un projet démarré fin septembre 2014. Comme pour le groupe Express-Roularta, l’enjeu majeur de l’outil repose sur la capacité à réconcilier des données marketing hétérogènes anonymes avec les données CRM du groupe.

Par ailleurs, cet outil devra également permettre de répondre à 4 objectifs principaux :
générer un paywall plus intelligent qui ne dépend plus de paramètres liés aux articles mais de paramètres liés aux visiteurs (Ex : 10 articles offerts par période de 30 jours).
mieux fidéliser les lecteurs : relance en ligne et email pour pallier la baisse de fréquentation et surveillance accrue des consommations multi-devices
générer des ventes complémentaires
– mieux valoriser des offres publicitaires : se servir des données CRM pour mieux qualifier les campagnes
« La culture de la data rentre facilement dans la culture de l’entreprise et nous avons obtenu des résultats immédiats dès les premiers tests, explique Marie-Madeleine Lamy. L’essentiel étant d’adopter une logique flexible et agile ».

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Quel modèle payant pour les news magazines?

Tandis que Challenge peine à trouver de nouveaux abonnés avec son appli du soir, Les Inrocks repensent complètement leur offre digitale avec des contenus et avantages exclusifs.

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Vincent-beaufils-speakerVincent Beaufils, directeur de la rédaction au magazine Challenge :

« Le magazine Challenge en ligne, c’est 1,6 million de visiteurs uniques (V.U.) et 40% de part de marché sur le secteur des magazines économiques. Cependant, comme beaucoup de confrères, nous venons de subir la troisième année consécutive de baisse des revenus publicitaires. Nous avons donc souhaité développer une application pour réaliser un “stretching de marque”.  Nous avons d’abord tenté de séduire un public BtoB avec une appli d’information confidentielle lancée en 2013 et vendue sur abonnement 20€ par mois : Before Dinner. Un échec. »

« Avec l’aide du Fonds Google, nous avons réalisé en 2014 une nouvelle application mobile plus orientée grand public, à 20 € par an cette fois. Elle a été lancée il y a maintenant 6 mois et s’appelle Challenge Soir. L’objectif était de lancer un “Le nouveau quotidien 100% digital de l’économie”, mais séparé du magazine Challenge classique, notamment parce que c’était difficile de faire travailler les équipes (50 pers) du print sur des projets digitaux. Pour Challenge soir, nous avons recruté 8,5 personnes chargées de réaliser chaque jour : 4 articles leaders, 4 graphiques, 4 citations, 4 experts regard sur l’actu, 4 infos confidentielles. »

« Dès son lancement l’appli a été téléchargée 20 000 fois, mais nous avons vite déchanté après le premier mois gratuit. Le taux de conversion a été très faible : nous en sommes aujourd’hui à 2 500 abonnés cumulés, soit seulement 100 000 € de CA ! Moitié moins que notre objectif. Et la vente au numéro ne cumule que 30 à 40 exemplaires par jour. Or nos coûts sont de 500 K€ par an, soit 5 fois plus que notre business. L’aide du Fonds a couvert nos frais de départ, mais le fonctionnement n’est pas viable. »

« En conclusion, il va falloir revoir notre modèle. C’est évident. Heureusement, cette expérience nous a permis de mobiliser et former nos équipes. Ce qui n’était pas gagné. Au départ, La rédaction a eu beaucoup de mal avec ce projet. L’obtention du Fonds Google nous obligé à faire vite, sans faire la pédagogie en interne. Or, dans cette aventure, il y avait avant tout un enjeu d’organisation. Heureusement, nous avons pu rattraper cet écueil avec l’instauration d’une conférence de rédaction chaque jour à 10h, ce qui a permis de mobiliser et d’expliquer. Au niveau interne là, Challenge Soir nous a vraiment aidé. Comme le dit Google : test and learn. Et nous, on a beaucoup testé et donc beaucoup appris. On n’abandonne pas ! »

Fabienne-Martin-speakerFabienne Martin, directrice déléguée aux activités numériques aux Inrocks  :

« Aux Inrocks, le constat c’est une érosion lente mais indéniable de la diffusion en kiosque : -13% chaque année. Heureusement, la baisse du marché n’est pas due à la qualité éditoriale, mais à un changement des usages. Ce qui a rassuré les journalistes. Toutefois, même si le taux abonnement reste stable à 55%, il y a une vraie difficulté à fidéliser les abonnés papier : 40% de nouveaux abonnés chaque année. Pour faire face, on a baissé la pagination et on crée une nouvelle offre digitale. »

« Le online explose, nous avons un lectorat jeune et connecté qui a doublé en un an ! L’équipe éditoriale arrivée il y a 6 mois a fait un boulot remarquable (réseaux sociaux, canal de recrutement Facebook à 35%, Twitter à5%) avec un beau résultat : 1,5 million de VU/mois. Mais l’objectif est de transformer ce succès d’audience en abonnements et pour cela, il faut discriminer l’offre de contenu avec une offre innovante, de contenus et services, plaçant l’abonné au centre : formule numérique à 6,99€/mois, formule intégrale à 9,60€, contenus du journal réservé aux abonnés, contenu premium spécifique, journal en web dès le mercredi, pas de pub, un long format exclusif par jour (qui permet de réconcilier la rédaction historique), des newsletter tous les soirs, des invitations et cadeaux en push selon la localisation, des remises en boutique… Lancée il y a 3 ans, cette dernière activité double chaque année. La marge est forte donc il possible de faire des remises de 10 à 20% à nos abonnés. »

« Cette nouvelle offre est lancée la semaine prochaine, nous n’avons donc aucun chiffres à communiquer. A ce jour, à une semaine du lancement, la vraie difficulté a été de mobiliser en interne les équipes, mais c’est fait et ça marche. On a réussi à mobiliser la rédaction, le service édition (qui saisit en direct dans le cms), le service vidéo et photo. De ce côté, c’est déjà un succès. »

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BtoB : à la recherche d’une nouvelle niche

Contexte vise l’abonnement des entreprises en licence illimitée tandis que Les Echos ciblent un lectorat plus jeune avec une nouvelle offre éditoriale.

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JC-Boulanger-speakerJean-Christophe Boulanger, co-fondateur de Contexte :

« Une loi peut signifier la mort d’une entreprise (ex. Nutella qui a frôlé la catastrophe avec la loi sur les huiles de palme ). Il est donc vital que l’entreprise dispose de la meilleure information possible sur les lois qui sont votées ou qui sont en projet. Contexte est le journal des politiques publiques françaises et européennes, exclusivement digital, réalisé par des experts indépendants. Avec les deux autres fondateurs, (Clémentine Forissier et Chloé Moitié) nous travaillions déjà dans un média (Euractive). Mais à la différence d’Euractive, nous avons décidé de passer au modèle payant et au niveau international. »

« Nous visons prioritairement trois grands secteurs : l’énergie, le numérique et les transports. Contexte, c’est 70% du contenu sur ces domaines, accessibles avec un paywall, avec licences illimitées depuis novembre 2014 et qui s’étalent de 1 000 à 70 000 € par an. Auparavant, nous vendions des licences individuelles qui étaient moins chères mais qui posaient problème avec un partage non négligeable des logins, etc.. La licence illimitée nous a permis d’augmenter nos tarifs de 40% sans poser de problème chez les abonnés et c’est beaucoup plus simple à gérer. »

« Aujourd’hui, nos abonnements représentent 55% de notre CA (notre objectif : 75%). Il est sont en croissance avec trois quarts d’abonnés d’entreprises et un quart d’abonnés grand public. La pub atteint 25% du CA. Contexte, c’est 14 CDI et des objectifs de CA déjà dépassés. Nous aurons 6 nouvelles recrues en 2015. »

JulieRanty-speaker copieJulie Ranty, éditrice déléguée, Les Echos :

« Les Echos vont lancer un nouveau média pour la cible 20 à 30 ans : Echos Start. Cette cible (étudiants, jeunes diplomés et jeunes actifs) a une bonne perception de la marque et de sa légitimité dans le domaine éco-entreprises. Elle représente en revanche seulement 5% de l’audience du site, mais aussi elle est la promesse des abonnements de demain ! Or, les 20-30 ans ont une problématique forte qui est l’entrée dans la vie active :
– peur de la crise “à vie” pour 33%
– 50% des jeunes embauchés changent d’entreprise dans la première année
– vision négative de l’entreprise (perte de liberté…)
– fort intérêt pour “l’ailleurs” : ¼ des jeunes veulent partir à l’étranger
– mais aussi forte envie de créer une entreprise (50% des 15-20 ans !) »

« Le projet consiste donc à raconter des belles histoires pour aider le jeune à se construire et à réussir son entrée dans la vie active, en livrant une vision sans fard de l’entreprise. On se distinguera de l’Etudiant ou de Phosphore car nous ne serons pas sur l’orientation scolaire mais juste après, sur l’orientation professionnelle. Nous allons traiter quatre grands types de projets et de rubriques : rejoindre une entreprise, entreprendre, travailler à l’étranger, continuer ses études. Pour cela, nous venons de créer une rédaction dédiée de 4 journalistes nouvellement recrutés pour lancer le média à l’automne prochain. Le lectorat est estimé 2,6 millions (20 à 30 ans) + 2 millions de prescripteurs sur lequel nous espérons 500 à 800 000 VU/mois. Le modèle repose essentiellement sur la publicité et du hors médias (cycles de conf, de prix…). »

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Quelles stratégies pour la vidéo ?

D’un côté Le Figaro développe sa production vidéo et part à la conquête de la pub, de l’autre France Live lance un média glocal et s’intéresse au brand content.

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Bertrand-Gie-speakerBertrand Gié, directeur délégué des nouveaux médias au Figaro

« Avec le projet Figaro.tv, l’objectif stratégique est de conserver le leadership digital en France. Aujourd’hui, nous sommes le premier site d’info en France et cela depuis 2008. Pour le rester, on doit être capable de répondre, demain, aux besoins d’infos en vidéo. En 2014, le marché du display en France, c’était 813 M€, soit +8% du marché publicitaire global. Mais les revenus sur les contenus classiques sont en baisse de -6% alors qu’ils sont en hausse de 65% en vidéo. La croissance pub se fait là, donc il faut y aller, mais à une condition : ne pas faire de la vidéo à la bougie ni du sous France 3 limoges (dixit Etienne Mougeotte). Avec la vidéo sur le Web, il ne faut pas oublier qu’on est toujours qu’à 1 clic de la sortie. Cela impose respecter les règles du Web : faire court, bien référencer les infos froides, être sur les réseaux sociaux et être réactifs pour les news. »

« Pour mettre en place ce niveau d’ambition, il manquait au Figaro le savoir-faire. Nous avons donc recruté 12 jeunes JRI avec l’aide du Fonds Google et lancé le service Figaro.tv. Beaucoup d’images sont filmées par les équipes mais aussi achetées (BFM, CNN…). Nous couvrons l’actu à chaud, les débats, interviews, décryptages et faisons des reportages. En 2012, nous diffusions 10 vidéos par jour. En 2013 : 55. En 2014 : 145. »

« Aujourd’hui, Figaro.tv est un vrai succès. D’engagement : 80% qui démarrent une video vont jusqu’au bout. D’audience : 12 millions vidéos vues par mois. De revenus : 1,5 M€ de recettes de pub seulement sur les annonces instream (pre-roll). Figaro.tv coûte 1M€ par an. L’aide du Fonds a couvert 60% de la première année, investissement de lancement compris.  Ce qui est très précieux pour aider à engager un média dans les formats du futur. »

Yvonnic-Bouyer-speakerYvonnic Bouyer et Jérome Poulain, co-fondateurs de MStream et de FranceLive :

« Chez France Live, nous venons de la production audiovisuelle, cela veut dire des milliers de vidéos produites depuis des années. Au départ, France Live, c’est 14 applications mobiles urbaines (2012-13) agrégeant des sortes de revues de presse des villes, avec entre 100 et 200 sources locales), c’est à dire des infos et des vidéos essentiellement produites par d’autres médias locaux. Depuis février 2015, le service France Live TV, ce sont des actus et des capsules vidéos produites en interne. »

« L’aide du Fonds Google, c’est 360 000 € sur 600 000 de budget qui nous permettent de mettre en place : un média glocal (stratégie globale et centralisée mais diffusion et éditions locales), un média mobile first et une production mi-humaine mi-robot (curation, automation, scripts pour aider et accompagner l’humain). Pour cela, nous avons créé une rédaction au coeur de la production vidéo (un studio sur le mode du studio Youtube). Nous avons mis en place une équipe à la fois éditoriale et technique et un process de production automatisée au maximum.  »

« Nous concevons donc aujourd’hui une trentaine de contenus originaux par semaine (objectif 100 à terme), facilement duplicables et en mode MCN, c’est-à-dire Multi Channel Network (apps + sites + facebook + twitter, Linkedin…). En développement, nous travaillons sur de nouveaux formats vidéo, 7 nouvelles villes couvertes en vidéo, une chaîne IPTV et encore plus de partenariats de co-production et de co-diffusions. »

« Notre business model est basé sur : le display, le brand content et la production déléguée. Avec les 14 éditions sur les 14 villes, nous cumulons 500 000 utilisateurs (en mars 2015). Lancé le mois dernier, il est trop tôt pour donner des chiffres plus détaillés qui ne seraient pas parlant à ce stade, mais c’est prometteur. »

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Interview de Ludovic Blecher, directeur du Fonds Google-AIPG

par Nicolas Becquet

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